Kevin Calixte, Mois de l'Histoire des NoirsDimanche après-midi au Cabaret Latulipe, c’était salle comble. Ces monologues qui mettaient en vedette sept héroïnes de l’histoire haïtienne, ont attiré beaucoup de monde. La foule nombreuse était tout ouie lorsque la pièce a commencé. La majorité des personnes qui ont assisté à la représentation des Monologues Famn Fo, est ressortie plus cultivée, plus fière, extrêmement divertie et chaleureusement enthousiasme par l’ambiance qui régnait. La pièce était une conviviale occasion de découverte. Tout était beau: le texte, admirablement écrit par Patsy Faublas et conseillé par Joujou Turenne, la musique de Makaya et les costumes de la boutique Eva B. Les interprètes nous faisaient tantôt rire, tantôt pleurer. Elles nous gonflaient de fierté, nous faisaient découvrir un peu plus l’histoire d’Haïti, nous charmaient, nous attristaient et nous surprenaient.

Les moments forts

Chaque interprétation du chœur One Soul, constitué des quatre sœurs Fils-Aimé était un véritable bijou, mais leur interprétation de Four Women, de Nina Simone, était à couper le souffle. Elles étaient accompagnées en mouvement par Cindy Belotte de Mapou Ginen et la chanson a tout simplement pris vie.

On savait tous qu’Arcelle Appolon était capable de livrer la marchandise, on savait tous qu’elle avait du talent. Sa performance était majestueuse. Vêtue de vêtement de peau et coiffée de deux nattes de caque côté, elle a raconté l’histoire d’Anacaona comme si c’était la sienne. Personne n’oubliera cette femme mythique de l’histoire. Le public s’est approprié ce bout d’histoire, comme si chacun de d’eux sortait de la lignée directe de cette combattante.

Farah Charles en Marie-Claire Heureuse Félicité Guillaume Dessalines, un petit cadeau dans cette première partie plutôt dure. Après les larmes, les angoisses, les révoltes et la déception, la bonté, la compassion et la joie de vivre de la Première dame d’Haïti. Dès que Farah a mis son pied sur scène, on savait que ce serait un grand moment de théâtre.

Tous les textes étaient bien écrits et surtout bien livrés par les comédiennes. Il y en avait des plus poignants comme celui de Catherine Flon, superbement interprété par Josiane Milius et d’autres qui nous rendaient plus fiers comme celui d’Ertha Pascal-Trouillot. Il y en avait aussi qui portaient un fort message patriotique, comme celui d’Abdaraya Toya « Victoria Mantou ». C’est le texte qui a été le plus réussi au niveau de la mise en scène.

Chaque texte était précédé par une introduction magistralement présentée par Emmanuelle Pélissier. Posée, vêtue d’une sublime robe d’époque (création de Patsy Faublas), elle a introduit les femmes avec honneur. Tout ça accompagné par le talentueux, David Bontemps et son groupe Makaya qui nous ont transporté avec leurs somptueux arrangements jazz teintés de traditionnels rythmes des caraïbes  et les couleurs du  néo-soul.

Les faiblesses

C’est dommage, qu’il n’y ait eu qu’une seule représentation! C’est aussi navrant que le merveilleux travail de Patsy Faublas n’a été vu que par les communautés noires. Chose qui, espérons le, sera rapidement corrigée.

Longue vie à la Troupe Nü’bien. Il est à souhaiter qu’elle nous fera vivre beaucoup d’autres moments mémorables comme celui-ci.

Florence Marcelin
Chroniqueuse web
Lounge Urbain

Photos : Kevin Calixte, Mois de l’Histoire des Noirs.