Il ne s’agit pas d’une fable cachée de La Fontaine, mais bien du titre qu’aurait pu porter le dernier long métrage du réalisateur québécois Kim Nguyen : Rebelle (War Witch en Anglais). Pour son 4ème film, il nous transporte en Afrique subsaharienne et nous sert un condensé de vérité et de vie, où se mêlent magie, amour, courage et rédemption. Cette œuvre, qui a conquis l’Europe (prix œcuménique au festival de Berlin 2012), portée par le talent brut d’une novice en la matière, Rachel Mwanza, est maintenant présentée au public québécois.

L’histoire débute sur fond de révélations lorsque la jeune Komona (Rachel Mwanza), s’adressant au bébé qu’elle porte en elle, revient sur les deux dernières années de sa vie. Un décor angélique qui prend très vite une tournure tragique, lorsque les premiers souvenirs qui nous sont relatés, sous fond sonore de mitraillettes, sont ceux de la mort des parents de l’héroïne, exécutés par elle-même. Le décor est planté. Ces instants tragiques seront le point de départ de l’Odyssée de Komona et seront le fil directeur de sa quête. À travers celle-ci, le réalisateur nous ouvre les portes du monde des enfants-soldats, effleure la réalité des albinos et aborde plusieurs sujets difficiles avec en toile de fond l’histoire d’amour entre la protagoniste et un jeune soldat, surnommé le ‘’magicien’’, interprété avec brio par Serge K. Ce dernier sera à la fois son grand frère et son guide à travers un monde empreint de violence et de cruauté.

Rebelle est le fruit de 10 ans de travail de Kim Nguyen et, même si à la base il a été inspiré par une réalité birmane, force est des constater que le réalisme de l’histoire africaine qu’il nous raconte est saisissant. Rituels magiques, rythmes entraînants, croyances africaines et décors colorés nous persuadent parfois que nous visionnons un documentaire; et ce n’est pas l’époustouflante performance de Rachel Mwanza qui changera la donne. Le jury de la Berlinale lui a d’ailleurs attribué l’Ours d’Argent de la meilleure interprétation féminine. Une récompense presqu’irréelle pour une jeune adolescente analphabète qui, il n’y a pas si longtemps, avait pour terrain de jeu et cadre de vie, la rue.¬

Doro Saiz