À l’occasion de la sortie de son nouvel album, My fairy tales, la chanteuse germano-nigériane donnait un concert au théâtre Fairmount avec en première partie, une artiste locale, Joyce N’Sana.

Crédit: Delphine Jung
Crédit: Delphine Jung

La salle intimiste et feutrée du théâtre Fairmount a tout pour réussir à une artiste de la trempe de Nneka. C’est dans une ambiance tamisée que la chanteuse entre sur scène sans un mot pour le public et commence à jouer immédiatement, vêtue d’une large tunique blanche. Tignasse indocile, silhouette fragile mais voix puissante, elle prend soin de donner une nouvelle touche de couleur à toutes ses chansons. Départ laborieux où les membres du groupe sont obligés de demander plusieurs ajustements. Pendant tout le concert, la chanteuse montre son agacement et sa frustration, lançant des regards noirs à l’ingénieur son au fond de la salle. Balances mal réglées, échos, parfois même larsen. Il faut essayer d’y faire abstraction pour profiter car Nneka est une grande artiste. Son dernier album est particulièrement mis en avant avec ses rythmes très reggea et afro beat et évoque la diaspora africaine. Les classiques ne sont pas oubliés comme Soul is heavy, Do you love me ou encore le très connu Heartbeat qui est accueillie avec ferveur par le public. Le morceau inédit Saltwater, présent sur aucun de ses albums est un autre bijou. Il évoque la mer que tente de traverser un grand nombre d’Africains en quête d’une vie meilleure au péril de leur vie. Sur scène, l’artiste est comme possédée (quand elle ne s’énerve pas contre le retour micro). Elle harangue le public, ferme les yeux, traverse la scène en long et en large. Poing levé et revendicateur, la jeune musicienne vit ses chansons et semble presque en souffrir. Son attitude parfois froide n’enlève rien à son talent. Surtout quand elle prend une guitare en main. Le groupe fait un vrai effort de réarrangement de chaque morceau ce qui les rend presque inédits. Retour sur scène pour un rappel avec Pray for me, notamment, morceau aux rythmes presque funk du dernier album et qui évoque le groupe terroriste Boko Haram: “Votre âme est misérable, mais je vais prier pour vous / Vous avez détruit ma maison, mais je vais quand même prier pour vous”.

En première partie, la fluette Joyce N’Sana a ouvert le bal. Sa fraîcheur et son sourire a conquis la salle. Des rythmes et des paroles simples, mais une voix rauque incroyable pour son petit gabarit.

Delphine Jung