Cette automne je vous invite à découvrir la pièce de théâtre “JE CROIS?” d’Emmanuel Bourdieu et mise en scène par Benoît Rioux.

“Je crois?” C’est l’histoire d’une sœur et d’un frère, Pauline et Jean qui décident un jour de jouer à un jeu qui paraît bien innocent, mais qui finira toutefois par avoir de très grandes répercussions dans leur vie.Inversons le  “je” et le “tu”. Tu es moi et je suis toi! Tel est le jeu. Ce n’est que lorsque Jean devient adulte que les conséquences se font voir. En effet, Jean ne semble plus avoir accès à sa propre façon de voir les choses. Ces pensés ne sont plus les tiennes. Une oeuvre sur la question de la perte d’identité d’un individu, sur les rapports de force et sur les différents types d’amour.

Pour avoir une meilleure compréhension de l’âme de cette pièce, c’est avec curiosité, ouverture et excitation que j’ai rencontré Samuel Côté, l’un des comédiens prenant part à cette oeuvre qui semble parfois troublante, mais ô combien touchante! Assise bien confortablement sur le bord de la fenêtre au chaud, Chaï latté à la main signé Sfouf Café, j’étais prête à lui poser mes questions. Un échange fort agréable et inspirant!

Qu’est-ce que JE CROIS? (Perception de l’acteur)

C’est une pièce avec plusieurs sortes d’amour. L’amour de soi. Comment s’aimer soi-même, comment valider ce qu’on pense, comment savoir ce qu’on pense et comment aimer comment on pense. Tout cela sans se perdre dans ce que les autres pensent. On est souvent porté à aller chercher des informations sur les réseaux sociaux pour se faire une opinion. Mais savons-nous vraiment ce que l’on pense au plus profond de notre canal à nous? C’est aussi l’amour d’un frère et d’une soeur et l’amour entre des hommes et des femmes. C’est de savoir comment ils gèrent cet amour avec un jeu complètement candide, enfantin, voir inoffensif qui a transformé leur vie. ‘Elle’ prend une position de dominante alors que ‘lui’ se donne complètement à ce jeu et perd donc ce qu’il pense, son identité propre à lui. Ce jeu ou moi c’est toi et toi tu es moi. Ça soulève plein d’autres questionnements également.

Pourquoi avoir choisi une pièce sur la perte d’identité?

Je ne vais pas parler pour les autres, mais personnellement cette pièce m’a montré à quel point tout ça c’est vrai. J’ai des fois tendance à aller chercher l’avis des autres au lieu de me faire confiance à moi et ce que je pense.La pièce parle pas de ça exactement, mais ça reflète et donne envie de réfléchir plus sur ce qu’on est et sur ce qu’on pense. Donc ça serait intéressant que les gens voient ça ne serait-ce que pour ça.

En quoi le public risque de se retrouver en allant voir la pièce?

À travers les personnages. Il y en a 4. 4 qui sont complètement différents. Et cela ça élargit la palette de spectateur si on veut. C’est dure à dire en même temps, parce que je ne suis pas de l’extérieur, donc je ne sais pas en quoi les gens vont nécessairement se retrouver, mais je me dis quand même qu’heureusement il y a 4 personnages. Le frère et sa femme,  la soeur et son mari. Je pense aussi que les gens vont se retrouver par les mots de l’auteur, par le sujet et par le non-dit (le mystère) qu’il y a dans la pièce. Aussi, la courbe au niveau de la compréhension est assez claire.

Quel est le but principal de cette pièce? Provoquer, Éduquer, Amener le public à réfléchir, etc?

Ça dépend…Pourquoi on fait du théâtre? Pour faire vivre des choses en temps réel. Le but c’est de faire vivre un bon ou un mauvais moment aux gens, mais l’essentiel c’est de faire vivre un moment.

Croyez-vous que cette pièce est un reflet de notre société?

Oui et non.On est quand même au théâtre. Dans cette pièce là il y a une théâtralité assez présente au niveau de la mise en scène et du jeu. Donc oui pis non. Tout dépend de comment les gens vont la recevoir. Il y a des gens qui vont être à fond avec nous alors que d’autres seront peut-être pas du tout d’accord.

C’est très particulier le fait de devenir l’autre et de donner le pouvoir à l’autre de devenir soi, comment avez-vous vécu cette expérience?

C’est plus mince que de devenir l’autre. C’est pas que les rôles s’inversent. Je ne deviens pas ma soeur. C’est plutôt que Jean se met à avoir conscience des pensées des autres…de tout le monde. Il se met à avoir les pensées des autres, mais n’a plus accès aux tiennes. Donc il doit savoir ce que les autres penses de lui pour savoir qui il est.  La soeur reste la soeur. Jean reste un homme, il reste Jean. Le jeu est vraiment simplement au niveau du parler. On se parle normalement, mais exemple au lieu de dire ‘je veux un café’, je vais dire ‘tu veux un café’.

Quel type d’audience pensez-vous attirer lors des représentations?

J’aimerais ça que tout le monde vienne. C’est pas une pièce pour adolescent ou enfant, mais je serais curieux de savoir c’est quoi le public cible. C’est une pièce pour tout le monde, autant pour les jeunes que pour les vieux.

Quels sont les autres thèmes/sujets abordés dans cette oeuvre?

Il y en a plein (rire)! Il y a la relation frère-soeur ( la proximité de cette relation qui devient quasiment comme une bulle amoureuse). Ça parle aussi de comment on est en société. Je pense au personnage de Muriel qui parle tout le temps. C’est un personnage très touchant.

L’audience aura-t-il droit à un drame ou une comédie?

C’est pas une comédie, c’est pas un drame. C’est plutôt une pièce philosophique et psychologique.

Quels sont les informations importantes à savoir sur la pièce?

C’est jusqu’au 3 décembre, pour les heures il faut aller voir sur le site. C’est la première mise en scène de Benoît Rioux. Ça tellement été agréable comme processus. J’ai adoré notre processus de travail avec lui. C’était notre première collaboration et c’était vraiment fascinant comme méthode de travail.

Nommez 3 mots/adjectifs décrivant la pièce?

Ça c’est difficile…Percutant, troublant et beau…il y a une grande beauté. Il y en a tellement, mais je crois que ces mots représentent bien la pièce.

JE CROIS? UNE PIÈCE D’EMMANUEL BOURDIEU/Cie LA SHOP ROYALE
Mise en scène par: Benoît Rioux
Interprété par: Samuël Côté, Marie-Pier Labrecque, Florence Longpré et Simon-Pierre Lambert
PRÉSENTÉ JUSQU’AU 3 DÉCEMBRE 2016, à la Salle intime du théâtre Prospero
Pour plus d’informations sur la pièce :
http://www.theatreprospero.com/spectacle/je-crois/

À propos du Café SFOUF : http://cafesfouf.com/