Lundi 24 septembre 2012, lors de l’une des projections du Festival International du Film Black de Montréal, j’ai eu l’occasion de visionner une œuvre poignante. C’est dans les salles du Cinéma du Parc, que j’ai débuté ma soirée avec le documentaire Paving Forward du réalisateur Mthokozisi Lembethe.

Un documentaire qui nous entraine en Afrique du Sud pour nous parler d’un sujet sensible… l’homosexualité en Afrique. Sujet tabou pour de multiples raisons, traditions, culture, ou déni, les justifications sont nombreuses. Alors être gay est déjà un combat en soit mais être gay, noir et vivre dans un pays où la culture et les moeurs sont encore très traditionalistes, c’est un combat qui se transforme en guérilla que nombreux mènent tous les jours au péril de leurs vies.

À travers ce documentaire, où activistes, juges et hommes politiques sont interrogés sur la situation du pays, où l’homophobie grandissante se traduit par des actes de plus en plus violents, ces derniers débattent sur le respect des Droits LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres) en Afrique du Sud. Paradoxe des plus étonnants, lorsqu’on sait  que l’Afrique du Sud est l’uns des premiers pays à avoir légaliser le mariage homosexuel, et à avoir ratifier dans sa constitution de 1996 (article 9.3) un principe de non discrimination en raison, en autres, de son genre, son sexe, son orientation sexuelle ou son état de santé. Mais comme bien souvent, on s’aperçoit très vite que ces belles paroles inscrites dans ce gros almanach à la couverture de cuir et au lettrage doré n’est qu’en fait un mythe posé sur papier.

L’Afrique du Sud… pays tourmenté par les années d’apartheid et les lourds problèmes socio-économiques dont elle est victime ; pays où des activistes comme Beverly Ditsie se battent pour faire respecter les Droits LGBT, qui sont bafoués, voir litterallement ignorés. À travers une série d’entrevues avec notamment le juge Edwin Cameron, et la mère de famille Nosipho Mahola, une mère de quatre enfants, mariée à une homme par convenance, qui nous raconte son combat de pour faire accepter son homosexualité à ses enfants. Un moment touchant, qu’elle tente de leurs expliquer avec la phrase suivante “A person must know and own their life“, vous comprendrez “Une personne à le droit de décider et de faire ce qu’elle veut de sa propre vie“.

Le rejet de la famille, le regard des autres, les préjugés, tout autant d’épreuves auxquelles les gays et lesbiennes de ce pays doivent faire face. Mais si il n’y avait que ça… le documentaire se poursuit et  se durcit, les paroles et les images aussi. On découvre maintenant des corps de femmes mutilées. Violées, torturées et tuées, c’est des images de femmes “punies” pour avoir dévoilées au grand jour leur orientation sexuelle.

Le voyage se poursuit en Ouganda maintenant, lors des funérailles de David Kato, militant pour les droits des homosexuels ougandais, dont la vie a été menacée en 2009 avec la parution de son nom et de sa photo, ainsi que celles d’une vingtaine de personne, par le tabloïd ougandais Rolling Stone, appelant la population à “prendre” les homosexuels. Une propagande sordide qui mènera à l’assassinat de ce dernier, qui sera retrouvé mort le 26 janvier 2011.

Paving Forward, un court-métrage de seize minutes. Seize minutes pendant lesquelles je n’ai cessé de me demander jusqu’où cette intolérance grandissante, cette peur de l’autre et de sa “différence” va nous mener. Un documentaire fort en émotions que je vous invite tous à regarder!

PowerToThePeople…FunKeishaDelic!!!