Miryam Charles, jeune scénariste d’origine haïtienne, est maintenant un nom que l’on peut entendre à l’échelle internationale. Près de 6 ans après son premier court métrage «Vole Vole Tristesse», Miryam s’illustre en tant que créatrice de plusieurs courts métrages de type expérimentale, elle a obtenu en 2018 pour son court métrage «Trois atlas» une subvention du Conseil des arts et lettres du Québec (CALQ) dans la catégorie cinéma et vidéo. Grâce à cette subvention, elle a été en mesure de présenter sa création sur l’échelle internationale et elle a remporté la mention spéciale du jury/nouveaux alchimistes (FNC 2018) et également le prix de la meilleure œuvre d’art et d’expérimentation (RVQC 2019). Miryam Charles est définitivement un nom à retenir sur la scène du cinéma québécois. Suite à un retour d’un tournage de documentaire filmé aux États-Unis, nous avons eu la chance de la rencontrer pour qu’elle puisse nous parler un peu plus de son parcours.

Qu’est-ce qui t’a poussé à faire une carrière dans le cinéma?

On écoutait beaucoup de films en famille, on regardait souvent les mêmes films aussi. On parlait tous en même temps et on riait tout le temps. J’ai tellement eu de plaisir à regarder des films avec mes sœurs, mon frère et mes parents. De là est né mon amour pour le cinéma, vivre une expérience commune en s’asseyant tous ensemble et par la suite nous l’avons vécu en allant au cinéma.

Qu’est-ce qui t’a poussé à travailler à temps plein en tant que réalisatrice?

Je dirais que ce sont les subventions, parce que recevoir des subventions m’ont donné une tranquillité financière.  Après mes études, tout en ayant un emploi à temps plein hors du domaine des arts, je réservais mes soirées et mes weekends à des projets en tant que productrice et directrice photo. Par contre, ces films étaient des projets pour d’autres personnes. Mais, ces expériences m’ont donné assez confiance pour croire que je pouvais également déposer mes propres projets et recevoir également des subventions. Le CALQ offre souvent des séances d’informations par des responsables de programme pour aider les différents artistes à bien déposer leur demande. Elle travaille aussi en partenariat avec différents organismes qui reçoivent également des responsables de programme pour expliquer les différentes étapes pour déposer une demande, mais aussi tous les différents programmes qui sont offerts. Tu apprends les formules à utiliser pour avoir plus de chance d’être accepté et aussi toutes les formulations à éviter pour que ta demande ne soit pas refusée. Les artistes oublient souvent qu’ils peuvent appeler directement le CALQ pour avoir de l’information. Ils sont là pour ça, puisque c’est exactement ça leur travail. J’ai appris avec le temps, comment bien déposer une demande pour avoir plus de chance d’être accepté. À partir de 2015, j’ai commencé à faire des demandes pour mes projets et lorsque j’ai finalement commencé à recevoir des réponses positives, j’ai décidé de faire le grand saut pour être réalisatrice à temps plein. C’était maintenant ou jamais.

Quels sont les défis que tu rencontres régulièrement dans ton milieu?

Le nombre de refus et en tant que créateur, on en reçoit énormément. Le manque de diversité dans le milieu. Je connais personnellement beaucoup de  créateurs de diverses origines, mais très peu arrivent à travailler à temps plein. Mais, je suis optimiste parce que  je sens vraiment une ouverture depuis quelques années. Premièrement, le CALQ qui veut davantage subventionner les créateurs de la communauté noire et ensuite, je vois de plus en plus des appels de projets précis qui sont ciblés pour la diversité.

À quoi peut-on attendre de toi pour l’année 2021 et même 2022?

J’ai plein de projets qui s’en viennent. C’est drôle malgré l’année assez bizarre que nous sommes en train de vivre, je n’ai jamais reçu autant de subventions. J’ai deux courts métrages qui sortiront en 2021 dont « Chanson du Nouveau Monde» qui est possible grâce à la subvention du CALQ. J’ai également 2 longs métrages qui vont sortir soit en 2021 ou 2022 et je me lance également dans l’écriture d’une série qui tournera autour d’une famille haïtienne. Je vois qu’il y a une plus grande ouverture et plus les gens issus de la diversité réussissent, plus d’autres personnes de la diversité se sentiront en confiance pour demander des subventions à des organismes tels que le CALQ. Et pour moi, c’est gagnant pour tout le monde parce que c’est toute la culture qui s’enrichit avec l’apport de la diversité.

Béatrice Lafortune