À toute heure du jour, la rue Saint-Viateur illustre ce qu’elle est vraiment ; une artère indispensable au paysage culturel montréalais. Elle rallie les bistrots et les boutiques qui ont su gagner une place de choix dans le cœur de fidèles consommateurs.  À l’intersection de la rue Casgrain, on voit défiler les hipsters et les entrepôts délaissent leur vocation manufacturière pour s’improviser en laboratoires de mode.  C’est dans ce coin du Mile-End que se cache un atelier de saveurs tout jeune: Le café Brooklyn.

Brooklyn est le surnom de la propriétaire des lieux, baptisée ainsi à cause de son accent italien-américain. Discrète mais fort hospitalière, elle nous propose un gombo qui fait une éclatante entrée en matière. Abondante de saveur, la soupe met en accord riz, crevettes et morceaux d’okras dans un bouillon subtilement parfumé par des quartiers de lime. Au bar, un homme nous observe, ma convive et moi : c’est Jay, le chef qui me sourit dès le premier regard. Le secret de son gombo triomphant? « Tu fais bouillir des os de dinde et tu mets un roux » confie-t-il. Nous en prenons note.

Il est 13 heures. Trois jeunes hommes endimanchés choisissent l’entrée du café pour griller leur cigarette, pendant qu’un photographe attache son chien de luxe avant d’y entrer… la scène semble importée tout droit de Williamsburg, à Brooklyn.  On nous emmène de la truite fumée, servie sur une généreuse portion de labneh, agrémentée de caprons, d’huile d’olive et de petites feuilles de menthe. Déposés sur les craquelins de sarrasins servis en accompagnement, la truite et le fromage forment des bouchées fraîches, onctueuses et acidulées. Le résultat est convainquant.

On constate rapidement que le café Brooklyn est une boutique dans laquelle l’art et la gastronomie font alliance.  Des mobiliers de bois, des affiches et des antiquités sont disposés à l’arrière du commerce, tandis qu’un petit bar muni de tabourets à l’entrée fait office de salle à manger. Ma convive solde son choix sur l’assiette d’artichauts aux épinards et au fromage.  Le plat est gratiné de fromage feta au lait de brebis, et accompagné d’une salade aux patates douces. Présentés dans un ramequin sorti tout droit du four, les artichauts  et le fromage ont une consistance riche et crémeuse. Salés à souhait, ils éclipsent la salade de patates douces, trop modeste pour les soutenir.

Avec un budget de 30$ pour deux personnes, on quitte le Café Brooklyn sans déficit et sans déception. À mesure que nos pas nous éloignent de la rue St-Viateur, on s’interroge sur le prochain lieu qui nous offrira un tel repas du midi dans un espace si singulier. À défaut de se rendre à Brooklyn, on conserve les souvenirs du café qui porte son nom.

Nom : Café Brooklyn

Prix pour deux : 30$ avant pourboire

Adresse : 71 Saint-Viateur Est, Montréal QC, H2T 1A7

brooklyn-mtl.com