Jumelles, jeunes et jolies. Trio gagnant pour ce duo d’artistes formé par Naomi et Lisa- Kaindé, des franco-cubaines parisiennes qui chantent en anglais, en espagnol et… en langue yoruba. Intriguant ? Envoûtant ? Transcendant !

Après avoir écumé les festivals de France, Ibeyi a fait forte impression en dévoilant en novembre dernier quelque-unes de ses chansons lors de la soirée d’ouverture du festival MundialMontréal 2013. Quarante minutes au cours desquelles les chanteuses nous ont transportés dans leur univers musical empreint de mysticisme. Une soul entêtante, entraînante magnifiée par la puissance vocale maîtrisée de Lisa-Kaindé, également au piano, et accompagnée de sa sœur pour ce qui est des chœurs et des percussions. Regards complices et spontanéité ont égayé leur prestation qui s’est jouée sans temps mort ni fausses notes et ponctuée de chants yoruba.

Les déesses du métissage

Ces deux sœurs, filles et dignes héritières de feu le célèbre percussionniste afro-cubain Miguel Anga Diaz, intègrent dans leur compositions ces chants hérités des descendants d’esclaves Yoruba. Peuple originaire de l’Afrique de l’Ouest ayant ramené avec lui cette religion éponyme qui s’articule autour de divinités faisant le pont entre un être suprême et l’Homme. De cet apport et de ce brassage avec la religion catholique des colons espagnols est née la santería, syncrétisme religieux dont les Orishas sont les figures de proue. Parmi elles, Ibeyi, la divinité de la gémellité. Ainsi, sur scène, et avant chaque interlude de chants yorubas, les jumelles se dédoublent : Lisa-Kaindé devient Yemayá, la déesse de la mer et Naomi devient Changó, la foudre. Divinités complémentaires tout comme ces jumelles à l’ADN musical riche que l’on retrouvera dans leur -très attendu- premier album chapeauté par le producteur d’Asa et dont l’enregistrement est prévu au printemps 2014 à Londres.

Ibeyi, ou quand une double culture est au service d’un talent unique.