Mieux vaut tard que jamais ils disent…

La première fois que je l’ai vu sur scène, c’était lors de son premier one-man-show qu’il a intitulé : “Born JamHaitianadian”, une présentation où l’artiste s’est livré corps et âme et nous a conquis tous autant que nous étions en créant une fusion entre la poésie, l’improvisation et ses milles et huit anecdotes tantôt touchantes, tantôt hilarantes. En ce qui me concerne, je fus emportée et épatée par sa vibrante performance qui venait directement de l’intelligence du coeur.

Un nom à retenir et à garder au bout de vos lèvres : Kym Dominique-Ferguson, qui est, par ailleurs, le grand génie derrière le MadPoetix Productions, qui est en fait une organisation dynamique qui couvre plusieurs aspects de l’art dont la poésie, la musique, la danse et le théâtre.

Son organisation connait beaucoup de succès auprès du public montréalais surtout avec leurs soirées concept “Aural Sex” et les “Madpoetix soirées intimes” qui accueillent poétesses et poètes, conteuses et conteurs, slameuses et slameurs…

Pour vous chers lectrices et lecteurs de Lounge Urbain, mon entretien avec Kym Dominique-Ferguson, un artiste à temps plein.

J.S – Pour tous nos internautes et surtout pour ceux qui ne te connaissent pas, parle-nous de ton parcours.

KDF – Je suis avant tout un étudiant en théâtre. Il y a beaucoup de monde qui me connaisse pour la poésie. Par ailleurs, le poète en moi est né ici, à Montréal en 2001, lorsque j’ai vraiment commencé à prendre la scène, lors de micros ouverts que se soit en Amérique du nord et même dans les Caraïbes. Entre-temps, j’étudiais en cinéma. C’est en 2007 que je me suis serré les reins et que j’ai poursuivi cette affaire qu’on appelle la poésie ou le spoken word.

J.S – Quelle est ta définition de la poésie?

KDF – Je n’ai pas de définition fixe cependant, j’admire beaucoup ce que dit Bruce Lee: il faut être comme l’eau, l’eau est douce et souple, mais en même temps puissante et dangereuse. Je pense que la poésie est l’art de s’exprimer par écrit ou oralement en utilisant des mots qui forment des idées douces et souples, ou justement puissantes et dangereuses comme l’eau. Aussi, il est important de dire que c’est l’art de s’exprimer honnêtement sans souci, sans limite.

J.S – Kym, qu’est-ce que c’est qu’être un artiste à temps plein dans ton contexte, c’est-à-dire à Montréal et surtout dans le milieu du spoken word? Ça semble être un défi de très grande taille…

KDF – Je peux comparer un artiste à temps plein à un jongleur du Cirque du Soleil: il faut savoir maîtriser plusieurs objets en même temps. Dans mon entourage, je connais des artistes à temps plein et ils font différentes choses à la fois. Ils organisent des évènements, enseignent leur art, sont à la charge d’ateliers dans différents milieux, et sont impliqués dans leur communauté. C’est également savoir comment identifier les opportunités là ou les autres ne les voient pas.

image3

J.S – D’où est venue cette idée des soirées “Aural Sex” et du “MadPoetix soirées intimes”?

KDF – Woi… Okay… Alors pour le “Aural Sex”, en 2006, je terminais un BAC en production de cinéma à l’Université Concordia et je me suis dit à ce moment-là que je devais mettre en scène quelque chose d’unique, de différent. L’idée m’est alors venue de faire le show the “Art of Performing Aural Sex”. Une soirée de poésie érotique. Du jamais vu, surtout provenant de la communauté noire. Et voilà, 8 ans plus tard c’est un événement toujours aussi attendu sur la scène montréalaise.

Pour les “soirées intimes”, je les ai débutées en avril 2011. Suivant la mort de Bad News Brown, un artiste Hip-Hop qui était lui-même très talentueux et encourageant dans la carrière de plusieurs de mes collègues artistes, je me suis dit que nous avions besoin d’une place pour que les artistes montréalais puissent être découverts. Au lieu d’attendre la mort de l’un d’eux, j’ai créé une place pour qu’ils puissent s’exprimer. Non seulement la poésie, mais aussi le chant, la danse… Nous avons pris une pause en 2014, mais depuis janvier 2015, nous avons repris et on fonce.

J.S – Je me souviens que lors du Born JamHaitianadian et même dans l’un de nos échanges, tu disais que ton but, c’est de prendre d’assaut la plus grande salle de la Place-des-Arts pour un one-man-show. Pourquoi cet espace en particulier?

KDF – Pourquoi pas cet espace? Moi, j’adore atteindre l’impossible. Chaque fois que quelqu’un me dit non, dans ma tête j’entends: “C’est ce que tu penses? W’a gen tan konnen!” La Place des Arts n’a pas encore eu de poète montréalais sur leur scène. Je veux éclater leurs portes!

J.S – Ton prochain événement est dimanche prochain, le 25 octobre. Donne-nous les détails et également les prochaines dates qui vont clore ton calendrier 2015.

KDF – Bon! Ça va avoir lieu à la salle de spectacle The Wiggle Room au 3874 Boul St Laurent. Le thème de la soirée est : “Rendons hommage aux femmes”, et nous donnons justement priorité sur le micro aux femmes. Nous encourageons les artistes à suivre le thème et de présenter des œuvres qui sont en ligne. Ne vous méprenez pas; notre intention n’est pas de décourager les hommes. Par ailleurs, si les places ne sont pas comblées, vous êtes les bienvenus messieurs mais pour cette soirée, ladies we want your voices to be heard first! Nous avons deux artistes en vedette qui sont a-mazing! Stephen Thomas et Elle Ray.
Stephen Thomas est un des premiers poètes que j’ai rencontrés ici à Montréal, et je vous le dit là, il est vraiment fort. Elle Ray, une chanteuse avec une voix qui te mets complètement à l’aise et d’un coup, qui t’ensorcèle! Il faut le voir pour le croire et moi, je crois en mes artistes. Ils sont toujours excellents!

J.S – Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et je te souhaite beaucoup d’amour et de succès.

KDF – Merci de m’avoir accueilli Jennifer!

*** Suivez-nous à Planète Montréal ce jeudi, le 22 octobre de 16 à 17h30, dans les ondes du 102.3 FM, à la radio centre-ville. Kym Dominique-Ferguson sera l’un de nos invités. ***

Jennifer S.