UNE PIÈCE QUI MARQUERA CERTAINEMENT LE THÉÂTRE QUÉBÉCOIS!

 

HÉRITAGE

DU 4 SEPTEMBRE AU 5 OCTOBRE 2019 AU THÉÂTRE JEAN-DUCEPPE

Mise en scène par: Mike Payette

Interprétée par:  Patrick Émmanuel Abellard + Lyndz Dantiste + Myriam De Verger + Malik Gervais-Aubourg + Tristan D. Lalla + Tracy Marcelin + Mireille Métellus + Éric Paulhus + Frédéric Pierre + Jason Selman

Texte par:  Lorraine Hansberry Traduction par: Mishka Lavigne

Trois générations d’une famille afro-américaine, les Younger, vivent entassées dans un appartement d’un quartier pauvre de Chicago. Nous sommes dans les années 50 et chacun des membres de ce foyer voit ses opportunités limitées par la domination blanche. Ils aspirent malgré tout à une vie meilleure et leurs rêves s’enflamment alors que la prime d’assurance du patriarche décédé est sur le point d’arriver. Mama envisage d’acheter une maison; son fils Walter Lee veut investir dans un magasin d’alcool; Beneatha, la cadette, dégourdie et idéaliste, veut poursuivre ses études en médecine. Tandis que chacun entrevoit enfin la chance de s’élever, une crise familiale éclate. Dix mille dollars c’est beaucoup, mais insuffisant pour réaliser tous les rêves et pour anéantir toute injustice

C’est très fébrile et excitée que j’ai reçu en entrevue le grand metteur en scène Mike Payette ainsi que la talentueuse comédienne Tracy Marcelin. Pour les personnes de la communauté noire, ce n’est pas qu’une simple pièce qui sera présentée au Théâtre Duceppe, c’est un événement qui marquera et changera le théâtre québécois. Vous comprendrez donc toute l’émotion que j’ai pu ressentir lors de cet entretien.

 

C’est une première! Une pièce, dans un grand théâtre francophone, avec un casting majoritairement noir. Comment vis-tu cette expérience? 

Mike: C’est très intéressant comme question. (rire) C’est un moment magique! Être témoin du travail d’artistes talentueux, c’est tout un honneur.  Le processus est très humain et ça fait du bien. Nous échangeons beaucoup et créons ensemble. Ces artistes me poussent à exceller d’une façon extraordinaire. J’espère sincèrement que l’énergie de la relation que j’ai avec les acteurs de ce projet sera transmise dans les représentations. Je veux aussi honorer la communauté noire, tout comme Lorraine(l’auteur de la pièce) a voulu lors de la création de l’oeuvre. Je veux respecter son travail, c’est important pour moi. Je remarque aussi que la réalisation de ce projet amène à constater qu’il y a une envie de la part de l’industrie et de la communauté de voir si c’est possible de créer avec des artistes qui ne sont pas nécessairement toujours mis de l’avant. 

 

Comment vis-tu cette expérience en tant que nouvelle diplômée de l’école de théâtre?

Tracy: Je le vis très bien! Je suis très reconnaissante et chanceuse, je suis arrivée à un très beau moment dans l’histoire du théâtre québécois. Un moment très fertile. Je pense que, malgré moi, j’ai une grande responsabilité envers la communauté noire et même envers les jeunes qui prennent part à différentes culture et qui veulent devenir comédien-comédienne.

 

C’est la première fois que tu mets en scène en français, comment vis-tu cette expérience? 

Mike:  Ça montre une grande ouverture. Je suis très touché et heureux que notre petite barrière de langue n’a pas été une problématique dans le processus de création. Même si ça n’a pas toujours été facile, tout le monde y met son coeur et de ça en résulte une expérience unique et enrichissante. 

 

En quoi le public risque de se retrouver en allant voir la pièce?

Mike: J’espère sincèrement que tout le monde se laissera transporter dans cette histoire, car au final elle parle de nous tous. Le public va expérimenter cette pièce tout comme ils ont déjà eu la chance d’expérimenter une bonne pièce de théâtre. Malgré ses 60 ans d’existence, nous présentons cette même pièce d’une manière plus contemporaine ce qui amènera, je crois, les gens à s’engager dans l’histoire de la pièce.  Également, les thèmes sont très humains et ça ça nous rassemble tous. Peu importe notre âge, notre sexe ou encore notre classe sociale. Tout le monde pourra se retrouver dans cette magnifique pièce. J’espère qu’à la fin de tout ça, il y aura beaucoup de conversations et d’échanges sur les répercussions que le visionnement de cette pièce aura sur leur vie. 

Tracy: Je pense que le public va, tout d’abord, se retrouver par le simple fait que c’est un classique américain. D’une autre part, les thèmes de cette pièce, malgré le fait qu’elle a été écrite dans les années 50, résonnent encore aujourd’hui. L’amour, les rêves, l’argent, la famille, le pouvoir sont tous des thèmes importants qui ont toujours leur place dans notre société. Ces thèmes peuvent toucher n’importe qui peu importe leur origine ou encore leur rang social. 

 

Quel est le but principal de cette pièce? Provoquer, Éduquer, Amener le public à réfléchir, etc?

Mike: J’inspire à créer des oeuvres qui font tout ça (provoquer, éduquer, amener le public à réfléchir). Je crois que le théâtre est un reflet de la condition humaine. Et dans tout ça, il y a différents points de vue qui peuvent autant nous rassembler que nous diviser. Selon moi, le théâtre est aussi éducatif dans la mesure qu’on en ressort toujours avec une information qu’on ne connaissait pas avant.

Tracy: J’ai envie de dire…ouvrir les possibilités, et ce, en piquant la curiosité des personnes qui ne vont pas habituellement au théâtre. Le but n’est pas de provoquer. Mais je pense qu’indirectement, cette pièce parviendra à éduquer les spectateurs sur l’histoire et la position des noirs à cette époque. 

 

On retrouve dans cette pièce des personnages noirs très forts. Considères-tu cette oeuvre comme étant afrocentrée? 

Mike: Je pense que c’est une question simple d’un côté et très complexe de l’autre. Je dois tout de même dire qu’elle est absolument afrocentrée. C’est une histoire à propos et pour les personnes de la communauté noire. C’était la racine de la création de Lorraine. D’une autre part, c’est complexe, car plusieurs penseront que puisque c’est afrocentré ça ne regarde que les noirs alors que non. Cette pièce parle de sujets qui nous concernent tous.

 

Croyez-vous que cette pièce est un reflet de notre société, même si elle a été écrite il y a plus de 50 ans? 

Mike: Oui, je pense que beaucoup de problématiques sont encore présents dans notre société actuelle. Nous avons encore aujourd’hui des discussions sur les opportunités, les classes sociales, le racisme, le sexisme, pour n’en nommer que quelques-uns. Ceci étant dit, je dois tout de même souligner qu’il y a de l’espoir et que les choses avancent. 

Tracy:  Oui tout comme dans la pièce, le racisme existe encore. C’est toujours difficile pour certaines familles noires de vivre dans des quartiers majoritairement blancs. Le statut de la femme aussi est encore un combat, donc cette pièce est certainement d’actualité.  

 

Que représente, pour vous, la présentation de cette pièce au public?
Mike: Je suis honoré, excité, mais intimidé et anxieux et humble et privilégié. (rire) Je suis très excité de prendre part à cette aventure!

Tracy: C’est très majeur. Je pense que ça montre que les choses changent. Dans l’Union des Artistes (UDA), il y a de plus en plus d’artistes de la diversité. On est là, on est talentueux. C’est une action concrète qui montre qu’il y a de la place pour les artistes provenant de cultures diverses. Je suis très fière de prendre part à ce moment historique! 

 

Quel type d’audience pensez-vous attirer lors des représentations? 

Mike: Je pense que les habitués de Duceppe seront au rendez-vous et beaucoup de nouveaux visages. Et ça fait du bien! J’espère vraiment une audience diverse et colorée!

Tracy: J’ai l’impression qu’une bonne partie du public proviendra de la communauté noire. Les personnes curieuses et monsieur et madame  tout le monde seront également au rendez-vous, je me dis. 

 

Quels sont les thèmes/sujets abordés dans cette oeuvre? 

Mike:  L’amour, les rêves, les droits civils, l’économie, la ségrégation, l’égalité et la famille pour n’en nommer que quelques-uns.

Tracy: L’amour, le pouvoir, le statut de la femme, la famille, l’égalité, l’identité, l’argent et le rêve. 

 

L’audience aura-t-elle droit à un drame ou une comédie?

Mike: Ce n’est pas un drame. Ce n’est pas une comédie.  C’est une tragédie. C’est épique. Malgré tous les obstacles, il y a des moments très drôles, car au final ils sont une famille et qui dit famille dit moments de joie. 

Tracy: C’est un drame familial où on retrouve parfois des moments drôles. Malgré les moments intenses, il faut savoir rire pour détendre l’atmosphère. C’est bien balancé!

Nommez 3 mots/adjectifs décrivant la pièce?

Mike: (Hummm…) Je dirais Déchirant, Évocateur et Passionnant 

Tracy: Oh! ok, attends…Puissant, Déchirant et Espoir!

 

Question bonus:

Quelles retombées pensez-vous que cette pièce aura sur le théâtre québécois? 

Mike: Je ne peux pas prédire l’avenir, mais je suis rempli d’espoir. J’ai envie de dire de grandes choses se réaliseront après les représentations de cette pièce. J’ai l’impression que ça va ouvrir bien des portes…de plus grandes portes!

Tracy: Plus de collaborations artistique et en équipe avec des artistes peu importe leur culture. J’ai aussi l’impression que ça va donner le goût aux grosses compagnies de théâtre de prendre des risques.

 

À PROPOS DE MIKE PAYETTE 

Metteur en scène et acteur montréalais, Mike Payette a cofondé et fut directeur artistique du Théâtre Tableau D’Hôte de 2005 à 2016. Depuis 2016, il assure la direction artistique et exécutive du Geordie Theatre, l’une des plus importantes compagnies de théâtre anglophone jeune public au Canada. Il est également membre fondateur du Metachroma Theatre et fut directeur artistique adjoint du Black Theatre Workshop.

Parmi les diverses mises en scène qu’il a créées, nommons celle de Harlem Duet, A Line in the Sand, Another Home Invasion, Choir Boy, Around the World in 80 Days, la récente tournée nationale The Tashme Project et Angélique. Pour celle de Hosanna de Michel Tremblay en version anglaise, il était récompensé du prix de la meilleure mise en scène lors des META Awards (Montreal English Theatre Awards) en 2015. La même année, il dirigeait une autre production honorée par les META, The Mighty Carlins, «un joyau étincelant, une production que je mets très haut dans ma liste des meilleures de l’année», écrira Jim Burke dans The Gazette, en 2016.

Comme acteur, Mike Payette a fait ses débuts professionnels à l’âge de 12 ans, au sein de la distribution de Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat d’Andrew Lloyd Weber présenté à la Place des Arts. Depuis, il a joué à la télévision, au cinéma et sur quelques-unes des plus importantes scènes canadiennes. Son travail de comédien et de metteur en scène lui a valu dès 2006 le prix de la révélation de l’année décerné aux MECCA Awards (Montreal English Critics Circle Award).

Mike Payette a enseigné dans divers établissements et fut artiste en résidence pour le Neworld Theatre à Vancouver. Il siège actuellement au conseil d’administration de l’Association professionnelle des théâtres canadiens et de la Maison Théâtre.