Ça commence bien l’année… Entrevue avec Voxsambou, un artiste de la diaspora africaine!

J.S – Bonjour Voxsambou!

VOXSAMBOU – Bonjour Madame Sidney!

J.S – Tout d’abord, j’aimerais que tu nous décortique aujourd’hui, l’étymologie du nom Voxsambou. Qu’est-ce qu’il signifie?

VOXSAMBOU – Voxsambou. Voix sans fin. Voix qui n’a pas de frontières.

J.S – Vox, tu es né en Haïti, plus précisément à Limbé. Peux-tu me dire quels sont les musiciens qui ont marqué ton enfance ainsi que ton adolescence, tandis que tu étais en Haïti et pourquoi?

VOXSAMBOU – Tropicana d’Haïti.

J.S – Hmm…

VOXSAMBOU – C’est un groupe que mes parents jouaient leur musique à la maison tout le temps. Il y avait des musiciens de Tropicana d’Haïti qui venaient de la région de Limbé et du département du Nord.

J.S – D’accord…

VOXSAMBOU – Ils parlent de la vie de tous les jours, de ce qui se passe dans la société; les injustices. C’est un groupe qui couvrait tout.

J.S – Ils étaient donc la voix des sans-voix?

VOXSAMBOU – Exactement. Ils représentaient vraiment la voix de tout le monde. Non seulement dans le département du Nord mais en Haïti en général. Ils jouaient ce type de musique «konpa roussi»  contrairement aux autres qui jouaient le «konpa direct». Ils arrivaient à faire passer leur message mais en même temps, tu peux vraiment sentir la musique. Il y a plusieurs styles différents qui rentrent dans leur style: rumba, salsa… un bon mélange de tout. C’est pour cela que j’ai beaucoup apprécié et jusqu’à présent…

J.S – Jusqu’à présent…

VOXSAMBOU – C’est mon band préféré. Jusqu’à présent.

J.S – Très bien, merci. Par ailleurs, je voulais te féliciter pour ta nomination au gala Gamik.

VOXSAMBOU – Merci!

J.S – Il me semble que Dyasporafriken a été nominé dans la catégorie “Musique du Monde”…

VOXSAMBOU – Exactement. L’album s’est situé dans la catégorie Monde.

J.S – Vox, dis-moi, qu’est-ce qui a influencé la réalisation de Dyasporafriken?

VOXSAMBOU – Ce qui a influencé Dyasporafriken… Après mon premier album en 2008, «Lakay», je continuais à faire de la musique avec Nomadic Massive, cependant le besoin était encore là, le besoin que je m’exprime sur ce qui se passe dans le monde entier, plus particulièrement en Haïti. J’ai eu la chance de voyager.

En novembre 2008, j’ai été à Salavador da Bahia au Brésil, qui est l’une des îles qui a le plus de descendants africains dans le monde. Donc c’est là que l’on retrouve le plus de Noirs à l’extérieur de l’Afrique. Ça m’a beaucoup touché et c’est là que j’ai puisé mon thème de diaspora et africain et d’autant plus que les gens, à Salvador da Bahia ne s’identifiaient pas juste comme des Noirs, mais ils s’identifiaient bien comme des gens de la diaspora africaine.

J.S – D’accord…

VOXSAMBOU – J’ai voyagé aussi en Afrique de l’Ouest, au Sénégal, Mali, Burkina Faso et ça a confirmé davantage mon positionnement par rapport à la diaspora africaine. C’est-à-dire qu’il ne devrait pas avoir de division dans notre société (société haïtienne). Peut importe où tu es dans le monde, en tant que haïtien, nous faisons tous partis de la diaspora africaine; il ne devrait donc pas y avoir de division. Mon but était de créer un pont entre la communauté de la diaspora africaine et l’Afrique tout court, pour qu’on puisse se rassembler. Alors je suis parti de là et j’ai collaboré avec des musiciens de l’Afrique de l’Ouest pour faire l’album et les premiers titres de l’album, Dyasporafriken et MaliAyiti ont été enregistrés à Bamako et les autres titres, j’ai collaboré avec un producteur haïtien, Kaytranada, l’un des producteurs les plus en vue en ce moment à Montréal et l’un des plus jeunes. J’ai collaboré avec la chanteuse Malika Tirolien, d’origine guadeloupéenne et avec Dr.Mad, d’origine algérienne… On forme beaucoup l’Afrique dans les collaborations! J’ai aussi collaboré avec Nawar, un grand producteur d’origine irakienne. L’album m’a permis de mettre en musique tous mes sentiments, toutes les choses que je ressentais…

J.S – D’accord, c’est génial! Et par rapport justement à ce que tu expliques de la diaspora africaine, quel conseil tu aurais aux gens qui ne ressentent pas ce sentiment d’appartenance à l’Afrique?

VOXSAMBOU – Les gens qui ne sentent pas qu’ils appartiennent à l’Afrique, c’est sûr qu’il y a une raison qui explique leur sentiment…

J.S – Il y a des gens qui sont obstinés et qui refusent littéralement d’accepter leur appartenance africaine…

VOXSAMBOU – Personne ne détient la vérité absolue. Je pense qu’on vit dans un monde où il faut se renseigner, il faut faire le plus de recherches que possible, parce que l’identité est très importante et avec tout ce qui se passe dans les médias, c’est-à-dire si on ne fait pas attention, on peut tout de suite tomber dans l’assimilation et essayer d’assimiler d’autres cultures ou de plonger dans des trucs qu’on ne comprend pas forcément et qui nous appartient pas forcément.

J.S – Hmmm…

VOXSAMBOU – Donc je pense que c’est important de faire ses recherches, de garder son identité question de rester authentique. C’est sûr qu’on peut faire ce qu’on veut. On est libre. On est libre de faire ce qu’on veut mais l’important c’est d’être clair avec soi-même.    De ne pas laisser soit des préjugés ou des personnes qui ont une perception des choses, nous diriger; de reconnaître qui on est et de dire non quand on ne connaît pas et de finalement accepter qui on est. Je suggère aux gens qui ne veulent pas reconnaître leur appartenance africaine, de faire des recherches et puis à la rigueur, il faut que tu te sentes bien avec toi-même.

J.S – C’est vraiment ça! Voxsambou n’est pas uniquement composé de toi. Parle-moi de tes musiciens!

VOXSAMBOU – À la batterie, il y a Jean-Daniel Thibault Desbiens, Diégal Léger à la basse. Ces deux là sont partis avec moi lors du voyage en Afrique de l’Ouest. Nous avons enregistré ensemble là-bas, à Bamako.

J.S – Ah… je savais pas que ton batteur faisait parti du voyage…

VOXSAMBOU – Oui… Jean-Daniel il est super grand! Il est plus grand que moi.

J.S – (rires)

VOXSAMBOU – C’est vraiment important que je te dise ça…

J.S – Ah bon… Et pourquoi?

VOXSAMBOU – PARCE QU’IL EST SUPER GRAND!

(rires)

VOXSAMBOU – Sinon il y a également David Ryshpan au clavier, Vincent Stephen Ong au saxophone, Malika Tirolien qui font partis du collectif Kalmunity.

J.S – Où peut-on se procurer ton album Dyasporafriken?

VOXSAMBOU – Au www.nomadicmassive.com et également sur le www.voxsambou.bandcamp.com

J.S – Merci beaucoup de ta collaboration Vox et continue à propager tes messages de fraternité universelle.

VOXSAMBOU – Merci Jennifer.

Voxsambou a participé dans le cadre du festival Mundial, à la SAT le mois de novembre dernier ainsi qu’au festival des FrancoFolies. L’album Dyasporafriken est présentement disponible sur bandcamp. Et le nouvel album de Nomadic Massive est prévu pour 2014.