DE L’ÉCOLE DE THÉÂTRE À L’ESPACE GO!
LES LOUVES
DU 10 SEPTEMBRE AU 6 OCTOBRE 2019 À L’ESPACE GO
Mise en scène par: Solène Paré
Interprétée par: Claudia Chan Tak + Claudia Chillis-Rivard + Leïla Donabelle Kaze + Célia Gouin-Arsenault + Dominique Leduc + Stephie Mazunya + Alice Moreault + Noémie O’Farrell+ Elisabeth Smith + Zoé Tremblay-Bianco
Texte par: Sarah DeLappe
Sur un terrain de soccer, neuf jeunes filles s’échauffent avant un match de qualification pour les championnats nationaux. Entre étirements, pas de course et jeux de jambes, les filles se livrent à de petites joutes internes. Les échanges sont dynamiques et les conversations se chevauchent. De Netflix à Harry Potter, de la religion aux serviettes sanitaires, de la pression sexuelle aux troubles de l’alimentation, les sujets sont variés et leur permettent de se positionner les unes par rapport aux autres, tout en se questionnant sur le monde dans lequel elles vivent. Chacune a sa personnalité, mais lorsqu’elles portent leur uniforme, elles sont les Louves, des guerrières prêtes à livrer bataille.
J’étais très contente de passer en entrevue une metteuse en scène qui figure parmi celles qui se démarquent le plus présentement ainsi qu’une comédienne que j’aime et respecte beaucoup pour son talent et sa personne. Je vous présente deux artistes femmes à surveiller de très près: Solène Paré (metteuse en scène) et Stephie Mazunya (comédienne)!
C’est une première. Tu es la plus jeune metteuse en scène à faire sa place à l’Espace GO. Comment vis-tu cet accomplissement?
Solène: En plus d’être honorée, j’étais très impressionnée et heureuse de pouvoir vivre cette expérience. Surtout prenant compte que les deux premières à avoir été artiste en résidence sont Sophie Cadieux et Evelyne de la Chenelière. Elles sont deux artistes que j’admire beaucoup. Aussi, je veux embrasser le fait que je suis la plus jeune à être metteuse en scène pour présenter des pièces et des projets qui parlent de ma génération.
Comment vis-tu cette expérience en tant que nouvelle diplômée de l’école de théâtre?
Stéphie: C’est un privilège, un honneur et une magnifique opportunité! Jouer dans une pièce qui me bouleverse et travailler avec une metteuse en scène que j’admire beaucoup en plus d’être entourée de comédiennes talentueuses, c’est simplement incroyable!
En quoi le public risque de se retrouver en allant voir la pièce?
Solène: J’ai envie que ça s’adresse autant aux adolescents qu’aux adultes. J’ai l’impression que la pièce explore de sujets très universels. Ce texte met en lumière des dynamiques de groupes assez classiques: la leader, la nouvelle, la compétitive, etc. Je pense que plusieurs sauront se retrouver dans cette réalité.
Stéphie: Dans cette oeuvre, nous adressons l’adolescence d’une façon rarement vue au théâtre. Les jeunes filles sont des guerrières. Elles sont dans un contexte où elles sont le centre de l’histoire. Au final, Le soccer n’est qu’un prétexte pour les découvrir. La pièce met de l’avant des sujets qui toucheront un public varié et je crois sincèrement que l’audience se reconnaîtra.
Quel est le but principal de cette pièce? Provoquer, Éduquer, Amener le public à réfléchir, etc?
Solène: Le but n’est pas de provoquer ni d’éduquer. Ceci dit, j’ai envie de provoquer des discussions intergénérationnelles. J’ai envie qu’on arrête de juger les adolescents qui seront les prochains à porter le flambeau. Cette pièce amène à se poser des questions en ce qui concerne notre positionnement face à des sujets très complexes de la société. J’aimerais également qu’on crée des dialogues.
Stéphie: Je pense que ce qui m’intéresse au théâtre c’est le fait de pouvoir se poser des questions après avoir vu une pièce et je crois que Les Louves met en avant cette façon de faire. J’ai hâte aussi de voir comment les jeunes adolescentes recevront cette pièce comparativement a un public plus âgé.
On retrouve dans cette pièce des rôles féminins très forts. Considères-tu cette oeuvre comme étant féministe?
Solène: C’est vraiment une gang de filles qui vivent ensemble sur un terrain qui les réunit. Elles discutent de sujets qui les interpellent. Je trouve ça super féministe en soi. Ceci dit, je tiens à préciser que ce n’est pas une pièce éducative.
Stephie: C’est intéressant, car je pensais à ça dernièrement. Quand on parle de pièce féministe on s’attend souvent à ce que les débats féministes soient au centre de l’histoire, mais je pense que le simple fait de présenter des jeunes adolescentes très fortes confrontées à des situations assez complexes est déjà quelque chose qu’on ne voit pas souvent . Donc, oui pour moi c’est féministe. Et je dois avouer que je pense que l’auteur est féministe également.
Croyez-vous que cette pièce est un reflet de notre société?
Solène: J’ai l’impression que oui. Surtout au niveau des sujets entamés. Dans la société d’aujourd’hui, tout semble accessible en un claquement de doigt et ça on l’entend et le voit dans la pièce.
Stéphie: Oui, car ce sont de jeunes filles qui créent une communauté a travers le sport et qui ensemble se questionnent sur des enjeux actuels.
Que représente, pour toi, la présentation de cette pièce au public?
Solène: Cette pièce représente pour moi la présentation de jeunes femmes qui s’entraident pour un but commun. Elles s’encouragent et elles sont elle-mêmes. Au final, elles s’aiment beaucoup et c’est beau de voir cette solidarité. Ce sont des histoires qu’on raconte peu et je pense qu’elles feront du bien au public. On discute aussi d’un sujet intéressant qui est le passage de l’adolescence à l’âge adulte.
Stéphie: Je me sens très privilégiée d’avoir l’occasion de participer à un texte que je considère réellement important. Un texte qui va interpeller un public varié, mais surtout un public de jeunes adolescentes qui, à mon avis, ne se voit pas assez souvent au théâtre.
Quel type d’audience pensez-vous attirer lors des représentations?
Solène: Les adolescents et les groupes scolaires répondent à l’appel jusqu’à présent. Un beau mélange d’adolescents et d’adultes.
Stephie: Je pense qu’il y aura le public habituelle, mais j’ai également l’impression que des jeunes filles adolescentes viendront et seront heureuses de se voir sur les planches pour une fois. De voir des jeunes filles autrement amènera vers un public très varié, du moins je l’espère.
Quels sont les thèmes/sujets abordés dans cette oeuvre?
Solène: Les réseaux sociaux, le corps de la femme, la mort, la religion, la sororité et l’entraide, pour n’en nommer que quelques-uns.
Stéphie: La perte de l’innocence, la mort et la transition de l’adolescence vers la vie d’adulte. Il y a bien évidement d’autres thèmes.
L’audience aura-t-elle droit à un drame ou une comédie?
Solène: Les deux.
Stéphie: Sans prétention, pour moi, ce qui est intéressant avec une bonne pièce, c’est que tu as tout. Une pièce bien écrite permet l’audience de voyager dans différents états.
Nommez 3 mots/adjectifs décrivant la pièce?
Solène: Oh mon Dieu! Cru, Intensité, et Lumineux!
Stéphie: Humm… Dynamique, Intriguant et Bouleversant.
Question bonus!
À quel moment as-tu su que tu voulais devenir metteuse en scène?
Solène: Ça s’est décidé assez tôt. Je suis partie de chez mes parents à 16 ans pour aller étudier le théâtre. J’ai été étudié au Cégep Saint-Laurent et j’ai vite réalisé que le jeu ne m’intéressait pas. Je préférais regarder et analyser les comédiens qui se retrouvaient sur la scène. Vers 17 ans j’ai eu mon déclic.
La metteuse en scène en toi est-elle ouverte à devenir réalisatrice dans un futur proche?
Solène: C’est certain que ça m’intéresse, mais je ne le vois pas comme une consécration. Peut-être, qui sait?
À PROPOS DE SOLÈNE PARÉ
Diplômée de l’Université du Québec à Montréal en Études théâtrales (2013) et du programme
de mise en scène de l’École nationale de théâtre du Canada (2016), Solène Paré nourrit sa
pratique de metteure en scène à même les arts plastiques et les gender studies. Tout au long
de son parcours, elle touche autant à l’écriture scénique (LA CLOCHE DE VERRE d’après
Sylvia Plath au Prospero; U-V à l’École nationale de théâtre) qu’à la mise en scène de textes
contemporains (QUARTETT de Heiner Müller à ESPACE GO; VISAGE DE FEU de Marius
Von Mayenburg à l’UQÀM).
En 2017, Solène Paré fonde Fantôme, compagnie de création. L’année suivante, elle travaille
à titre de codirectrice artistique au Festival Jamais Lu et présente une sortie de résidence dans
le cadre du OFFTA. Toujours en 2018, elle participe au Séminaire en Avignon (qui réunit
annuellement 12 artistes émergeant.e.s de la francophonie mondiale) et entre en résidence au
Théâtre ESPACE GO où elle siège sur le comité de direction de son Chantier sur l’équité en
théâtre.
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