L’ÉNÉIDE

UNE PIÈCE BOULEVERSANTE, CAR DANS L’AIR DU TEMPS!

DU 3 AU 28  SEPTEMBRE 2019 AU THÉÂTRE QUAT’SOUS

 

Texte et mise en scène par: Olivier Kemeid

Interprétée par:  Étienne Lou + Anglesh Major + Igor Ovadis + Olivia Palacci + Marie-Ève Perron + Luc Proulx + Philippe Racine + Sasha Samar + Mounia Zahzam + Tatiana Zinga Botao 

Assistance à la mise en scène et régie: Stéphanie Capistran-Lalonde

Dramaturgie: Chloé Gagné-Dion

 

Une ville qui brûle. Un homme qui doit fuir pour survivre. Son père sur les épaules, son enfant à la main, Énée court dans les rues avec les siens afin de s’échapper. Ils trouvent un bateau, partent à la dérive, laissant derrière eux leur pays en flammes. Les boat-people ont une longue histoire ; Énée errera longtemps sur les mers, à la recherche d’une terre pour son fils. L’Énéide raconte l’histoire d’une émigration. Elle ne met pas en scène des héros aux destinées tracées par les dieux, mais de simples humains en quête d’une vie meilleure.

Inspiré à la fois par l’épopée latine de Virgile, qui évoque l’odyssée des premiers migrants du monde, et par l’histoire familiale de son grand-père, qui a quitté l’Égypte lors de la Révolution de 1952, Olivier Kemeid nous livre sa version personnelle de la trajectoire de « ceux qui courent pour sauver leur vie ». Car telle est la définition utilisée par les Nations Unies pour qualifier les réfugiés, c’est-à-dire les hommes, les femmes et les enfants qui, en 2018, étaient au nombre de 22 millions. Soit la plus grande vague migratoire de notre temps.

J’aime aller au théâtre pour vivre de fortes émotions, mais aussi, car je trouve que c’est une belle plateforme d’éducation. Mon coeur pleure de peine simplement en lisant le résumé de la pièce. C’est un sujet qui me touche beaucoup et de savoir que Tatiana Zinga Botao, une comédienne que j’admire beaucoup, prend part à la distribution rend mon coeur joyeux. J’étais très reconnaissante et heureuse de la recevoir en entrevue.  

 

En tant qu’enfant d’immigrants, comment as-tu vécu le processus de création de cette oeuvre? Comment vis-tu cette expérience? 

TATIANA: Je n’ai pas vraiment vécu ce que les personnages immigrants de cette pièce vivent. Mes parents ont déménagé, car ils ont eu des opportunités de rêve. Ceci dit, tout comme dans la pièce, l’idée de se trouver une terre d’accueil est semblable à ce que mes parents ont voulu me transmettre. D’autre part, pour moi qui ait immigré seule à Montréal, cette pièce résonne beaucoup dans les questionnements d’identité ainsi que de la quête de soi que j’ai eu en arrivant. Ce qui est aussi magnifique est qu’Olivier (le metteur en scène) a réuni, sans le savoir, des comédiens qui ont tous un lien avec l’immigration. Ça nous a rapproché, on est vite entré dans l’intimité de chacun; on a parlé de nos histoires respectives.  C’est tellement une belle expérience que j’ai de la peine qu’il y a une fin à tout ça. C’est le premier grand rôle que j’ai au théâtre depuis que je suis sortie de l’école. Je suis déjà très nostalgique alors que les représentations de la pièce n’ont même pas encore commencées. 

Crédit photo: Charles Belisle

 

En quoi le public risque de se retrouver en allant voir la pièce?

TATIANA:  Ce qui est magnifique c’est qu’on n’a pas besoin d’avoir immigré pour ressentir le besoin de la quête de soi. On passe tous par là. Si on ne s’identifie pas à Énée, on s’identifie définitivement aux personnages qui l’entourent. Également, l’abandon, la peur d’aimer, la peur de se perdre sont des thèmes assez humains qui se retrouvent dans la pièce et qui sauront toucher le public. 

 

Quel est le but principal de cette pièce? Provoquer, Éduquer, Amener le public à réfléchir, etc?

TATIANA:  Je pense que c’est d’amener le public à réfléchir. En 5 ans, il y a eu une grosse vague d’immigration et de réfugiés. Cette réalité met de l’avant beaucoup de questionnements présentés dans la pièce. Ça peut sembler surprenant, mais il y a vraiment des personnes qui ont peur des immigrants qui arrivent ici. Ces nouveaux arrivants, pourtant, veulent simplement refaire leur vie. Il y a vraiment une peur de l’autre. Et cette pièce amène à réfléchir dans la mesure où on finit par constater que l’autre c’est soi au final. 

 

Croyez-vous que cette pièce est un reflet de la société? 

TATIANA:  La distribution ainsi que les discussions qui sont présentées dans la pièce sont d’une certaine façon un reflet de la société. C’est d’actualité. C’est une blague tellement que c’est d’actualité.(rire)  

 

Que représente, pour vous, la présentation de cette pièce au public?

TATIANA:  Ça me touche, car j’ai enfin le sentiment qu’une pièce raconte mon histoire. Le personnage que je joue est tellement proche de moi. C’est vraiment la première fois qu’on parle de nous; les femmes noires, les femmes immigrantes…ces femmes qui déménagent et changent de pays pour avoir une meilleure vie.

Crédit photo: Charles Belisle

 

Quel type d’audience pensez-vous attirer lors des représentations? 

TATIANA: J’aurais voulu avoir plus d’étudiants au secondaire comme public. C’est la future génération et c’est important de les sensibiliser. La pièce n’est pas politique, mais elle peut mener vers de très grosses réflexions et ça ça peut faire du bien aux jeunes.  Ceci étant dit, c’est une pièce pour tout le monde; un public large est visé. 

 

Quels sont les thèmes/sujets abordés dans cette oeuvre? 

TATIANA:   L’amour, l’immigration, la quête d’identité, l’abandon, la solidarité pour n’en nommer que quelques-uns. 

 

L’audience aura-t-elle droit à un tragédie ou une comédie?

TATIANA:  À une tragédie. Avec quelques moments pour souffler quand même, mais c’est une tragédie. 

 

Nommez 3 mots/adjectifs décrivant la pièce?

TATIANA: Euh…Quête, Rencontre, Partage

 

Question bonus:

Avec un casting de québécois ayant des origines différentes, quelles retombées pensez-vous que cette pièce aura sur le théâtre québécois? 

TATIANA: Nous avons tous un rapport de près ou loin avec le voyage et l’immigration. Je suis remplie d’espoir. J’espère qu’au final l’audience verra juste des québécois sur scène interpréter des immigrants. 

À PROPOS DE TATIANA ZINGA-BOTAO 


Diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 2014, Tatiana s’est vite fait remarquer par sa fougue et son audace. Au cinéma, Tatiana tient la vedette dans Cherche femme forte/Strong Woman (Marilyn Cook) et joue aux côtés de Robin Aubert dans Jeune Juliette, long-métrage attendu d’Anne Émond. On peut également la découvrir dans En attendant Avril d’Olivier Godin. Au théâtre, elle foule les planches du TNM dans Lysis (Lorraine Pintal), Coriolan (Robert Lepage) et Les fourberies de Scapin (Carl Béchard). Tatiana se joint aussi aux distributions de L’Énéide (Olivier Kemeid) au Quat’Sous et de Ceux qui se sont évaporés (Sylvain Bélanger) au CDTD’A. À la télévision, l’actrice se démarque dans Nouvelle Adresseavec le personnage de Khary. On a également pu apprécier son talent dans District 31, Les Jeunes Loups, Bluemoon et À la Valdrague. Tatiana est aussi de la websérie La Maison des folles de Mara Joly, disponible sur Unis.ca.